Moins trente - Couverture souple

Lundi 12 janvier 1998 - 23 h 09

Je n'étais pas couché depuis plus d'une minute lorsque me parvint un menu craquement, et deux secondes me suffirent pour réaliser que je n'avais pas éteint mon talkie-walkie de service. Il était en cours de rechargement, à moins de cinq mètres de là. J'envisageai d'aller tourner le bouton, mais y renonçai aussi vite, et ce pour plusieurs raisons. Une, Sue dormait déjà, auprès de moi, et je ne voulais pas risquer de la réveiller. Deux, le léger bourdonnement de la standardiste au travail avait quelque chose d'apaisant. Je l'entendais ronronner, si bas que je ne pouvais distinguer ses paroles. Une vraie berceuse. Trois, j'étais simplement trop crevé pour me sortir du lit.
J'allais carrément plonger dans le sommeil quand la coordinatrice éleva la voix. Elle parlait vite et elle parlait fort, même si je n'arrivais toujours pas à comprendre ce qu'elle disait. Je me redressai sous la couette et tendis l'oreille. Peine perdue, d'où j'étais. Alors, je rejetai la couverture et me propulsai, pieds nus, jusqu'au petit poste de radio. Juste à temps pour entendre la déclaration de Vingt-Cinq, qui devait se trouver quelque part dans un rayon de quatre à cinq cents mètres de chez moi.
- Appel reçu, Vingt-Cinq. Qu'est-ce qui se passe ?
- Ici, Vingt-Cinq. Cinq et Neuf ont pris en chasse un suspect de cambriolage, sur la vieille route de la Grange.
Je savais ce qui allait suivre, et j'allongeais la main vers le téléphone quand il se mit à carillonner :
- Demande d'assistance. Lamar m'a dit de t'appeler parce qu'il va falloir enquêter sans doute sur un cambriolage. Ils sont après le suspect depuis le virage d'Hellman, et ils...
- OK, le temps de m'habiller, je prendrai les détails quand je serai dans ma voiture...