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Dans la peau de Drew Barrymore

Enfant, Becca ne ressemblait pas du tout à Drew Barrymore. Mais maintenant, à vingt-cinq ans, surtout avec quelques kilos en plus, elle s'était habituée aux commentaires des serveurs de bar et des employés de magasins, ainsi qu'aux regards à demi sidérés des passants.
Le plus drôle était que sa mère avait toujours été comparée à Sissy Spacek, même si Becca supposait que c'était principalement à cause de son nez mal refait. Cependant, Sissy et Drew n'avaient rien en commun, physiquement. C'était une chose subjective; parfois les gens voyaient la ressemblance avec Sissy, parfois non. Mais personne ne semblait jamais avoir de problème pour voir celle de Becca avec Drew. Son petit ami Sadge, qui, les bons jours, ressemblait à un Jack Black minable, prenait son pied à en jouer - comme la fois où il avait réservé une table chez Crustacean au nom de Drew. Il avait fait en sorte d'arriver le premier et avait demandé à Becca de faire son apparition quarante minutes plus tard affublée d'énormes lunettes de soleil, la tête enveloppée dans un faux foulard Hermès. Ils étaient soûls, et le maître d'hôtel n'avait pas apprécié. (Il avait dû repérer leur petit jeu dès le début car il avait mené Sadge à la «publique».) Quelques clients s'étaient retournés à l'arrivée de Becca, mais son plaisir avait été quelque peu gâché par la présence de Jordana Brewster, qui se trouvait juste de l'autre côté de la partition de verre en compagnie d'un homme svelte et chauve dont Becca supposa qu'il s'agissait de son manager. Chaque fois que Sadge riait bruyamment ou poussait Becca à en rajouter, l'actrice aspi­rante se sentait idiote, car elle était certaine que Drew et Jordana se connaissaient. Jordana ne regarda pas une seule fois dans sa direction, et l'épisode lui fit l'effet d'une douche froide. Soudain Becca se sentit minable, comme un personnage de Star 80, le film préféré de son amie Annie.
Cette même semaine, elle avait vu Drew dans une rediffusion d'une émission de Jay Leno. Son divorce avec Tom Green venait d'être annoncé, mais elle était là, à vanter de façon surréaliste le mariage. Elle racontait que son mari lui avait envoyé une douzaine de roses ainsi qu'un mot lui souhaitant bonne chance pour l'émission, et le public soupirait. Jay expliquait que statistiquement les acteurs restaient mariés plus longtemps que les autres. Drew s'exclamait que c'était merveilleux. C'était si horrible et déprimant que Becca avait éprouvé de l'écoeurement, puis de la colère, à l'idée que quelqu'un avait pu avoir la négligence de reprogrammer cette émission en particulier. Elle supposa que c'avait été fait délibérément, comme lorsque ces employés de boutiques vidéo malveillants inséraient des scènes porno dans des dessins animés. Jay Leno lui donnait l'impression d'être un homme bien et décent, et elle fit remarquer à Sadge - qui avait ri tout au long de la scène jusqu'à ce qu'elle le frappe - que si le management de Drew attirait l'attention de NBC sur ce genre de choses (comme elle l'espérait), l'animateur présenterait à coup sûr ses excuses en personne à Drew. Becca songea d'ailleurs à «sonner l'alarme» elle-même, mais ses propres inquiétudes relatives à sa carrière prirent le dessus.

«C'était génial, dit Sharon. Je crois que vous avez le potentiel pour être une sacrée comédienne.»

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The Washington Post

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On attendait depuis longtemps que Tom Wolfe, Bret Easton ou James Ellroy pointent leur plume sur ce monde hallucinant, Bruce Wagner l'a fait. Le résultat est sans appel. Hollywood trouvé sa bête noire.

Une rage qui brise tous les tabous. Bruce Wagner est un visionnaire déguisé en farceur.
Salman Rushdie