Total War Rome 2: L'Epée d'Attila (2) - Couverture souple

Extrait du prologue

Dans la grande plaine hongroise (396 après J.-C.)

Les deux prisonniers romains avançaient en titubant sur la pente qui menait à la prairie, leurs chaînes traînant dans la neige molle. Un vent coupant balayait le plateau qui encerclait la ravine, procurant une morsure hivernale à ceux qui s'étaient rassemblés pour la cérémonie. Loin au-dessus d'eux, des aigles, qui s'étaient envolés des poings de leurs maîtres, planaient dans l'attente de la viande et du sang qu'on leur abandonnerait à l'issue de la cérémonie. Au bout de la prairie, de grands chaudrons de bronze bouillonnaient sur des brasiers, et la vapeur qu'ils produisaient formait une fine brume au-dessus des têtes. L'arôme capiteux de la viande qui cuisait, du boeuf, du mouton et du gibier, répandait ses effluves le long du ravin et autour des tentes circulaires du campement, au-delà de la source d'où l'eau sacrée commençait son voyage vers le grand fleuve, à deux jours de cheval vers l'ouest, là où s'achevait la terre des chasseurs et où commençait l'Empire romain.
Le plus jeune des deux prisonniers trébucha et s'appuya sur son compagnon, qui l'aida à se redresser et lui parla rudement, dans un langage inconnu de la plupart des hommes présents. Il ne restait de leurs tuniques de soldats romains que des haillons tachés par la rouille des chaînes. Leurs pieds nus, ensanglantés par des journées de marche, étaient entravés.
Le plus âgé, émacié, le poil gris, portait d'anciennes cicatrices sur les joues et le menton, sous sa barbe blanche non rasée, et des scarifications sur les avant-bras, où il avait autrefois tracé la marque de son unité, LEG II. Il regardait droit devant lui d'un air de défi, tandis que ses geôliers le forçaient à avancer. Il avait l'attitude du soldat qui a déjà trop souvent vu la mort en face pour redouter ce qui, il le savait, les attendait maintenant.
Le son d'une corne retentit, aigu et strident, et, loin au-dessus, les aigles se mirent à pousser des cris rauques qui résonnèrent dans tout le ravin. Un lourd chariot, tiré par deux boeufs et entouré de cavaliers tenant leur lance dressée, leur arc sur le dos, apparut en vue du campement. Les hommes portaient des pantalons de cuir et des tuniques dont la fourrure était tournée vers l'intérieur pour les protéger du froid. Sous leurs selles, le sang suintait des coussins de viande crue sur lesquels ils étaient assis et dégoulinait sur le flanc des chevaux. La viande protégeait les animaux des blessures occasionnées par la selle tout en s'attendrissant pour servir de nourriture à leurs cavaliers au cours de la longue chasse dans la steppe qui devait succéder à la cérémonie. Les hommes étaient coiffés de casques coniques luisants sur leurs chapeaux de fourrure à large bord, pourvus d'oreillettes qu'ils pouvaient rabattre et attacher pour se garantir du vent glacial du plateau. Par-dessus leur tunique, ils portaient une armure sophistiquée composée de petites plaques rectangulaires cousues ensemble, qu'ils se procuraient en échange de fourrures précieuses auprès de négociants venus de la lointaine Serikon, le pays que les Romains nommaient Thina. La soie que les femmes de l'assemblée portaient autour de la tête provenait également de ces marchands, ainsi que les feux magiques que les archers enverraient dans le ciel pour marquer la fin de la cérémonie et le début du grand festin qui suivrait jusque tard dans la nuit.

David Gibbins est docteur en archéologie à Cambridge. Passionné de plongée, il fait autorité dans le domaine des civilisations disparues. Il s'est inspiré de la légende et des données scientifiques concernant l'Atlantide pour écrire son premier roman, Atlantis (2005), vendu à 200 000 exemplaires en France. Ce succès sera suivi de bien d'autres best-sellers, où l'on retrouve son héros culte, l'archéologue Jack Howard : Le Chandelier d'or, Le Dernier Évangile, Tigres de guerre, Le Masque de Troie, Les Dieux d'Atlantis (suite d' Atlantis), Pharaon et Pyramide, tous repris chez Pocket. Le dernier titre de cette série, Inquisition, a paru en 2018 aux Éditions Les Escales. Il a également entamé une saga intitulée Total War Rome, inspirée du jeu vidéo éponyme, publiée chez le même éditeur et composée de Détruire Carthage (2013) et L'Épée d'Attila (2015), tous deux repris chez Pocket.
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