Extrait :
En route pour Belize City, au Belize.
Je suppose que chaque centaine de millions de dollars a sa petite histoire sordide à elle, et la centaine de millions que je pourchasse aujourd'hui ne fait pas exception à la règle.
J'ai pris place dans le vol TACA International pour le Belize en quête de ma fortune.
Sous le siège devant moi, il y a ma mallette et dans ma mallette il y a tout ce dont j'ai besoin, officiellement, pour récolter ma fortune et la rapporter avec moi à la maison. Je prends la mallette sur mes genoux et je l'ouvre, j'extrais avec soin la chemise, puis, de cette chemise, avec encore plus de soin, j'extrais les documents qu'elle contient. J'aime sentir la douceur du papier machine sous mes doigts. Je le lis avec convoitise, le tenant de telle sorte que la religieuse qui est assise à côté de moi ne puisse y hasarder le moindre coup d'oeil. Le texte est aussi court et évocateur que le plus pur des haïkus. «Le jugement par défaut accorde au plaignant la somme de cent millions de dollars.» Le document est signé par le juge, tamponné à l'encre rouge, certifié par le tribunal d'instance de la ville de Philadelphie, et a valeur légale dans tout État de l'Union ainsi que dans certains pays liés par traité spécial avec les États-Unis, ensemble dans lequel, naturellement, est compris le Belize. Cent millions de dollars, le prix de deux vies, dommages et intérêts inclus. J'approche le papier de mon nez et je le hume. Je finis par détecter un suave parfum de monnaie, non pas celui de ces fleurs nommées monnaie du pape, non, celui de la monnaie frappée par la Banque centrale. Cent millions de dollars, dont je touche le tiers en honoraires, en tant qu'avocat.
Vous imaginez ? Quant à moi, je ne fais que ça. Si je trouvais le gibier que je chasse, ce serait comme gagner au Loto tous les mois pendant un an. Ce serait comme si un animateur TV sonnait à ma porte avec un chèque grand format du gros lot, pas une fois, ni deux, mais trois fois, et j'obtiendrais tout cela en un coup au lieu que cela mette trente ans à arriver.
Présentation de l'éditeur :
Quand on est un gentleman, on ne laisse pas une femme éplorée et effrayée sans secours. Mais quand on est Victor Carl, avocat des crapules, on s'assure d'abord que la donzelle a de quoi payer. Et puis on accepte tout. Mais gagner des millions est une chose, vivre assez vieux pour en profiter en est une autre...
«Veritas», le manoir des Reddmans, abrite les derniers représentants brisés et corrompus d'une famille autrefois puissante. La mission de Victor Carl - prouver que le récent suicide de l'une des héritières est un meurtre - qui s'ajoute à ses petites activités habituelles, comme défendre la mafia, est peut-être un peu trop lourde pour ses épaules.
La persévérance est en général une qualité que chacun admire et encourage, sauf quand les secrets de famille les mieux gardés sont menacés... Et ce que Victor Carl s'apprête à découvrir risque de lui passer à tout jamais l'envie de mener des enquêtes.
Ancien avocat criminel, William Lashner signait avec Veritas le deuxième livre mettant en scène Victor Carl, héros d'une série de sept romans, tous parus dans la même collection.
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